Du 9 août au 25 septembre 2004, 15 personnes à bord de 3 véhicules viennent de réaliser une sorte d’inventaire des potentialités culturelles du GABON.
Aller à la rencontre des villageois vivants à proximité des 13 parcs nationaux du pays, pour mieux appréhender le lien si fécond entre richesse culturelle et richesse biologique.
A la découverte des us et coutumes, des modes de vie, des requêtes et des propositions des sages du pays.
Initié par le CNPN, financé, organisé et réalisé par le WCS GABON, épaulé par les musiciens/thérapeutes et les médiateurs culturels de l’ANCE :‘association NATURE / CULTURE EBANDO’,avec les participations actives et attentives de Pierre Claver AKENDENGUE et Annie Flore BATCHIELLILYS .
Entrepris par des personnes de tous horizons : gabonais, franco-gabonais, anglo-marocain, américain, hongrois, anglais ; ce tour à l’écoute du Gabon profond à été l’amorce d’une nouvelle approche constructive pour un mieux comprendre et donc, un mieux faire…
Comment mieux vivre en province et en bordure des parcs nationaux sans altérer le trésor des générations futures; à savoir , la richesse biologique et les fondamentales connaissances ancestrales ?
Des artistes traditionnels et résolument contemporains ; des cinéastes, techniciens du son ; arrangeur et musicien et des personnes de bonne volonté ont fait que ce voyage de 6 semaines fut un réel et total succès.
Tout commença par la Lopé ; les chants tout à fait mélodieux des Okandé le long de l’Ogoué, les villages Simba et Babongo à l’orée de la foret des abeilles où le Bwiti Missoko et le Niembe s’expriment pleinement.
Koulamoutou et le grand village des Pouvi de Dibouka ou un fastueux retrait de deuil fit s’investir toute une population active par la danse, l’enthousiasme et les chants intenses. Jusqu'à la merveilleuse apparition surprise de Messosso, masque-esprit, qui souleva les energies en présence.
Au matin, et pour remercier les villageois de leur accueil si chaleureux avant notre départ , Pierre Akendengué et Annie Flore interprétèrent quelques unes de leurs chansons , pour notre plus grande joie à tous.
Sans oublier l’énergique et authentique Bwiti Boussouka à KLM city, et le jeune groupe
Mighino et sa dynamique splendide !
Ensuite, ce fut Franceville et le pluri-arc des baTékés , absolument enchanteur. Et puis le concert, tout à la fois, simple et brillant d’Annie Flore pour le 17 août dans la nouvelle salle de la MTN (maison du tourisme et de la nature). Espace qui abritait, en outre, plusieurs tisserands de raphia à l’ouvrage et un forgeron à l’œuvre !
Et Makokou et Mekambo ou les rites publics du Mungala (circoncision chez les Kota) et les chants des touchants Pygmées Akolas purent s’exprimer totalement.
Minvoul nous accueillit tout aussi bien , et nous fit partager des harmonies uniques :
les chants polyphoniques et les danses des Pygmées Bibayak (Baka). Ceux là memes qui savent si bien faire surgir de la foret dense, EDZENGUI, esprit totalement végétal, dans sa danse tourbillonnante, glorieuse et bienfaisante.
A Oyem, les mendzang (xylophones Fang) nous captivèrent et nous réjouirent tous.
A Medouneu aussi, la tradition Fang est toujours très fertile, malgré un terrible état de la route et un exode rural critique.
Cela nous ramena vers Libreville, avec quelque nostalgie, mais fort de notre promesse de revenir montrer le film de toutes ces rencontres et évènements profondément humains.
Les sages et attentives présences de PCA et ANB écartaient à chaque fois rapidement toute méfiance ou indifférence des villageois. Ce voyage fut un émerveillement de chaque instant , tant les richesses culturelles des peuples du Gabon sont foisonnantes !
Après 3 jours de repos et d’entretien des véhicules, nous repartimes vers le sud.
Lambaréné, patrie du puissant Okoukoué.
Mouila et Ndendé, terres de l’Esprit masqué et à échasses, BWANDA .
La sanza, instrument à lamelles, à l’aide duquel, l’artiste conte en chantant l’histoire et la légende des peuples dont il est issu, à savoir : les Punu
Et toujours cet accueil chaleureux spécifique au Gabon.
PCA ,Annie et nous tous, si touchés et charmés, accomplissant nos tâches avec ardeur et attention.
A notre grand regret, nous ne pûmes pas partir vers Lebamba, Mbigou et Mimongo, hauts lieux des expressions culturelles du pays. En effet, une malheureuse querelle socio-administrative venait d’endeuiller la région(4/09/04).
Tchibanga fut alors notre prochaine étape.
Après avoir rencontré avec bonheur plusieurs musiciens traditionnels de types différents, Annie Flore décida quasiment spontanément d’organiser un concert gratuit le surlendemain après midi au stade de la ville ! Qui fût, bien sûr, un triomphe d’émotions, de tendresse et de fraternité contagieuse!
En passant dans son village natal, nous rencontrâmes son inspiratrice et grand-mère et son cher vieil oncle qui avaient fait aussi partie du concert…Nous plantâmes chacun un arbre fruitier autour de l’endroit où elle veut ériger une maison des jeunes et de la culture.
Mayumba, site ô combien magnifique, nous fit découvrir un pan du Bwiti disumba des Vili, sobre, harmonieux et toujours intense.
Puis 2 sortes de rites publics. L’un pour les toutes jeunes filles (tchimbokou), l’autre pour les gens d’âge mûr (mboyo). Le tout, dans la joie.
Chaque rencontre était l’occasion de mieux comprendre le quotidien de nos différents hôtes.
Leur demander quelles répercussions avaient pour eux les impacts immédiats de la création en 2002, par décret présidentiel , des parcs nationaux du Gabon ?
Puis, ce fût la traversée du fleuve Ngounié à Sindara, pour nous enfoncer au cœur du Pays Tsogho et Pygmées baBongo. Au delà d’Ikobey, toutes sortes d’expressions humaines nous touchèrent encore et toujours profondément.
La troisième partie du voyage, le Fernan Vaz et Omboué , origine de Pierre Claver, feront l’objet de rencontres ultérieures.
De retour à Libreville le 25 septembre 2004, ivres de souvenirs et de rythmes aussi élaborés que fondamentaux, nous nous fîmes la promesse de produire les œuvres les plus vraies et sincères à partir des riches matériaux collectés – sons et images –
Les échanges fructueux entre artistes et notables traditionnels villageois apportent un éclairage net sur les possibilités qui s’ouvrent à tous.
. un éco-tourisme intelligent et tout à fait varié par ses possibilités…
. une revalorisation franche des coûts de l’artisanat et des savoirs faire importants.
. l’élevage des petits mamifères, pour pallier au braconnage intensif.
. reconnaître de façon endogène les savoirs en matière de soins à partir des végétaux – plantes et écorces – nouveaux métiers d’éco-gardes et d’éco-guides pour les parcs nationaux.

Autant de solutions à moyen et long terme. En insistant auprès des plus jeunes pour que les savoirs et savoirs-faire ancestraux puissent leur être transmis. Il est en effet, extrèmement regrettable que ces jeunes, dans leur grande majorité, ne soient pas conscients de la valeur spirituelle et, de plus, alternative financière des connaissances de nos aïeux…ne serait ce qu’en matière d’artisanat !
(exemple : un raphia tissé-merveille de savoir-faire-, qui coûtait 1000 cfa il y a 10 ans, vaut aujourd’hui 10 000 cfa !)
Autant de défis à relever par les habitants des villages de forêt, qui seront de plus en plus sollicités pour leurs connaissances de l’homme et de son grandiose environnement !

UN SANCTUAIRE ! LA FORET !

Sachons mettre en valeur les richesses, tant culturelles, que naturelles.
Que la gentillesse des accueils et la réelle volonté des uns et des autres de s’apporter le meilleur qui soit dans chaque culture, perdure et se développe encore !
Pour un mieux être dans notre grand village à tous : la Terre.

Rédigé à Libreville en février 2005. Hugues Obiang Poitevin.
un des Animateurs de l’ANC Ebando.
e-mail : ibogabon@yahoo.fr