Approche thérapeutique de la prise d’iboga dans l’initiation au Bwiti vécue par
les Occidentaux
Marion Laval-Jeantet
Qu’est-ce que le Bwiti ?
Le Bwiti appartenait au départ au seul monde des Pygmées du Gabon, dont il était
la conception religieuse de l’invisible et du divin, sous une forme certainement
non ritualisée [2]. Ce monde, les Pygmées y avaient accès de façon empirique
grâce à la manducation de bâtonnets de racines d’iboga dont les effets se font
sentir à divers degrés.
À faible dose (une lamelle de la surface d’un doigt), l’iboga provoque un
accroissement de la perception qui permettait aux chasseurs de mieux sentir le
milieu forestier; ensuite il a un effet stimulant qui permet de rester éveillé
plusieurs jours d’affilée. Cet effet, qu’Haroun Tazieff avait éprouvé en
escaladant un volcan sous iboga, était déjà bien connu des Occidentaux qui en
avaient conçu un dérivé pharmaceutique dans les années 1950 : le Lambarène
(laboratoire Houdé), vendu jusqu’en 1967 et finalement retiré du marché du fait
de stimulations cardiaques excessives chez certains usagers. À plus haute dose,
l’iboga provoque de très fortes nausées, des vomissements et un état d’asthénie
musculaire durant lequel des visions se manifestent en nombre.
Pendant l’initiation, les doses peuvent atteindre plusieurs corbeilles et
entraîner des états comateux dont les initiés reviennent avec le sentiment
d’être «passés de l’autre côté», d’avoir fait une approche de la mort, ce qui
est généralement douloureux et éloigné de toute impression de plaisir. Ce «passage de l’autre côté», censé permettre une révision de la vie, mais aussi
donner des clefs pour le futur est le but recherché de l’initiation, qui n’a
généralement lieu qu’une fois dans la vie. Les effets bouleversants de cette étape sur le plan existentiel expliquent pourquoi le culte a essaimé dans
toutes les ethnies gabonaises.
La racine étymologique du mot Bwiti, selon M. Okaba, linguiste originaire des
Monts du Chaillu, serait une déformation du mot tsogho bo-hete: «émancipation», «libération d’un fluide» [3]. Le Bwiti serait donc littéralement ce qui
permet à l’homme de gagner sa liberté.
"Le Bwiti est une philosophie de la libération" ; il permet à l’homme d’échapper à la matière, de devenir un banzi, littéralement “celui qui a éclot,qui est sorti de sa coque” en langue tsogho. Et cette philosophie est fondée sur eboghe, “ce qui soigne” (l’iboga), maganga “ce qui permet à l’être de se renouveler”, et kangara, “réchauffer, régénérer” (la connaissance des plantes).» Paroles de M. Hamidou Okaba[...]
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